lundi 4 avril 2011

Un dimanche à l'église

Connaître un pays, un peuple et une culture passe souvent par la découverte de ses croyances et sa religion. Depuis le début du voyage on a multiplié les visites d'églises, temples, monastères, sépultures et autres lieux de cultes, on allait pas y échapper à Buenos Aires. Ici la religion toute puissante n'est pas le catholisisme importé par les conquistadores mais... le football et son dieu, Diego Armando Maradona. Le mot dios (dieu) ici s'écrit D10S pour Diego et son numéro 10. Noël est fêté le 30 octobre, jour de naissance de Maradona et Pâques, le 22 juin depuis que l'Argentine a battu l'Angleterre en quart de finale de la WM 1986. D'ailleurs ce jour là, le 1-0 avait été l'oeuvre de la "main de dieu".

Cette fois on ne s'est pas contenté de visiter les lieux, on a assisté à la messe du dimanche dans sa cathédrale la plus fervente, la Bombonera (bombonière), antre du Boca Junior, club le plus titré du pays et béni par Diego, leur premier fan, leur saint-esprit. Le club, mal en point, recevait l'Estudiantes La Plata de Veron, actuel premier du championnat.

On s’installe dans une tribune populaire du temple plein à craquer de fidèles qui ne tardent pas à entrer en trance. A l’entrée des joueurs, c’est 50'000 personnes qui chantent à l’unisson et sautent en rythme et toi, tu as la chaire de poule et des frissons dans le dos, submergé par tant de ferveur. Boca encaisse rapidement le premier goal, mais les chants mélodieux, puissants et ininterrompus jusqu’alors, continuent de plus belle. Ils ont la foi en leur équipe et ils ont raison, l’égalisation ne tarde pas. Un orage s’abat sur le stade non-couvert, personne ne bouge, à la place ils se mettent à torse nu, même dans les places assises. Boca galvaude une occasion, un supportère derrière moi s’énerve en français, je me retourne, il s’agit de… Cindy ; Boca Junior, c’est contagieux. On se régale plus du spectacle des gradins que du terrain et cerise sur la gâteau (ou plus local, le bife de chorizo sur l'ardoise) à une minute de la fin, Boca prend l’avantage, victoire finale 2-1, c’est du délire…

Excellente tranche de passion locale et parfait amuse bouche avant LS – Servette de dimanche prochain ;-).

Pour les siècles des siècles, amen !
Avec le son c'est mieux...




jeudi 31 mars 2011

Chuuuuut !!!

48 heures après avoir quitté la pointe sud de l’Argentine, on se retrouvait à son extrémité nord-est. On avait troqué nos chaussures pour nos tongues et enfilé notre chemise favorite, idéal pour renouer avec les apéro-terrasses et faire honneur à l’attraction locale; plus haut que Schaffouse, plus authentique que Niagara, plus large que Victoria et plus époustouflant que les gorges du Talent à Goumoens-le-Jux, Mesdames et Messieurs, les chutes d’Iguazu !

Les chutes d’Iguazu c’est 256 cascades réparties entre l’Argentine et le Brésil (et à  quelques km du Paraguay), d’une hauteur allant jusqu’à 80 m., un jour ne suffit pas pour tout voir. C’est aussi une jungle dense, des milliers de papillons multicolores, des tortues, des coatis roux et son lot de tou-tou (ristes) du monde entier. Y a pas de doutes, elles méritent leur entrée dans le top 5 des merveilles de notre voyage.

Dernière ligne droite : tango, steak et football à Buenos Aires








vendredi 25 mars 2011

Dans un cul de sac

Il y a des lieux que tu ne pensais jamais connaître. Des endroits qui sortent de la liste des obligatoires, proches ou recherchés. Ces sites dont les noms sont ancrés dans ton inconscient suite à des heures de reportages et de pubs TV. Ces noms de produit de douche ou d’émission t’ont évoqué des terres lointaines et exotiques qui te paraissaient réservées aux plus téméraires, aventuriers ou fortunés et dont pointer l’emplacement sur une carte relevait du pur bol. Des lieux qui font partie de ton imagination et qui, un jour, s’interposent  presque par hasard à l’horizon de ton voyage et arrivent, simplement. On y était ! Cette fois non pas installé sur notre fauteuil à regarder Nicolas Hulot sauter en parachute depuis une montgolfière, mais bel et bien à Ushuaïa, la ville la plus australe du monde (@ Bino, si tu nous lis, Puerto Williams n'est que le village le plus austral du monde ;-), tu crois qu'on t'as pas vu venir avec tes cuisses?).

Même si notre voyage n’est pas encore terminé, Ushuaïa représentait un peu l’objectif géographique de notre périple. Plusieurs milliers de kilomètres au sud de l’Equateur, la route s’arrêtait ici, en cul de sac, au bout du monde. Certes il y aura toujours un rabat joie pour te rappeler que tu peux aller plus loin. Il y a ceux qui embarquent pour une croisière onéreuse de quelques heures pour le Cap Horn ou de plusieurs jours pour... l’Antartique. On y avait secrètement pensé, mais on se contentera du bout du monde « marketing » que les Argentins savent si bien exploiter.

On nous avait prévenu que sortir des lieux pouvait être risqué avec des bus et des vols toujours complets, c’est pourquoi nous avions réservé notre avion bien à l’avance sans connaître notre date d’arrivée. C’est finalement avec une semaine d’avance qu’on y met les pieds, tant mieux, on est pas au bout du monde tous les jours et c’est pas les activités qui manquent : parc national, pingouins, glaciers et tes expériences les plus australes du monde (de ta noce la plus australe du monde au café le plus austral du monde. En bonus: J. Montani qui se fait ramener à l'hostal à 6 heure du mat par les agents de police les plus australs du monde...), sans oublier de se reposer (la sieste la plus australe du monde ;-) ).

Recevez nos salutations les plus australes du monde!




mercredi 16 mars 2011

Into the wild, journal de bord de deux crouilles aventuriers

C'était certainement notre dernier défi logistico-sportif du voyage. Cette fois pas de porteur ni chauffeur, pas de Sherpa ni Toyota, pas de cuisto et encore moins de bistro, mais nous, seuls, accompagnés de notre fidèle Jacinthe, partis pour 5 jours de treks dans la nature, le long des chemins du parc Torres del Paine au Chili. Voici quelques extraits du déroulement de ces quelques jours d'aventure:

Mercredi 09.03.2011

14:00
Débarquement à Puerto Natales, base des expéditions au Parc Torres del Paine
14:30 Installation dans un hostal apparemment sympa, mais qui s'avère truffé de cadeaux laissé par les animaux domestiques, un enfer pour nos narines, on changera le lendemain
21:00 Tranquillement entrain de souper à l'hostal, un foulard parfumé sur le nez, la proprio passe pour faire visiter les lieux à de potentiels clients qui ne respirent apparemment que par la bouche. Cindy part en fou-rire, un des clients en question est... Julien Montani, accompagné de Lisa, une allemande. Le monde est définitivement petit sur la "Gringo Trail".

Jeudi 10.03.2011

08:30 On change d'hostal au plus vite, le Kaweskar s'avère une excellente adresse
15:00 Séance de briefing dans un hostal du coin. Paul (vite renommé Paul le Poulpe pour ses prédictions boiteuses) nous fait le topo sur les choses à voir, à faire, à ne pas voir et à ne pas faire dans le parc. On le soupçonnera par la suite de n’avoir jamais mis les pieds dans le parc.
16:30 En pleine journée organisation, en sortant de la quincaillerie avec une casserole flambant neuve, un camion de pompier pimpé aux plaques vaudoises attire notre attention. Ses propriétaires débarquent, il s agit des Nietos de Chavornay, les parents d'un pote à Jul.  « ben-le-monde-est-petit-nom-de-bleu-santé-verre-de-blanc-pain-fromage-youpla-boum-tralala-tsoin-tsoin » (© jmx 2011)
18:30 Fin de l'apéro avec les Nietos
21:00 Un australien, de retour du parc, nous conseille vivement de suspendre toute notre nourriture aux arbres, les souris n’hésitant pas à ronger la tente pour s'y introduire et se faire un snack. Sa copine en aurait fait la fâcheuse expérience. Cela confirme la prédiction de Paul le Poulpe

Vendredi 11.03.2011

07:30
Départ en bus pour le Parque Torres del Paine avec Julien Montani et Lisa. On apprend que le Chili est en mode alerte tsunami, on espère que Puerto Natales existera toujours a notre retour dans 5 jours
12:30 Notre Catamaran nous débarque à l’entrée du parc, c'est partis pour 5 jours intenses
12:35 Faut pas décorner, on commence par cuire de l'eau, premier café
19:00 Arrivée au campement aux abords du glacier Grey. Cindy insiste pour suspendre toute notre nourriture. Julien congelé et peu convaincu se contente du premier pauvre panneau de signalisation venu. Nous sommes les seuls à pendre notre nourriture.

Samedi 12.03.2011

08:00 Réveil après une nuit sous tente plutôt fraiche (-2 selon la météo, -9 selon les américains, -20 selon Cindy). Ce qu'on ne savait pas encore, c'est qu'on venait de profiter de la nuit la plus chaude du périple.
08:05 Cindy peste, les sacs de nourriture sont percés, les boites de thon et la sauces tomate jonchent le sol, tout le reste a disparu.
08:06 Tu te rends compte que tu n'as plus rien à manger pour les 4 prochains jours
08:07 Tout va très vite dans ta tête, tu t'imagines déjà le menu du soir: écureuil flambé sur lit de feuilles d’érable avec baie des bois en dessert
08:08 Cindy veut rentrer
08:09 On retrouve la poubelle et un poivron quelques mètres plus loin... cool
08:11 Instinct de survie, on se lance dans une battue des alentours. On retrouve notre mélange petit déj, porridge et lait en poudre, c'est déjà ça
08:13 On retrouve les emballages du jambon de parme, parmesan et risotto... vides. Premier indice, l'auteur du crime est gastronome
08:14 Quelques mètres plus loin, c'est la polenta qu'on retrouve. La bestiaule a ses préférences
08:30 On reprend gentiment nos esprits autour d'un bon café
08:35 On arrive à la conclusion que le fautif devait être une sorte de phacochère ailé qui vit dans l’antre du glacier Grey et qui pille la nuit venue les naïfs adeptes du gourou du trek, Paul le poulpe
08:40 CSI Santiago, venu en renfort, nous informe, après quelques analyses, que rien ne sert de suspendre sa nourriture si c'est à 1 mètre 10 du sol
09:00 On se remet en marche le long du glacier  
19:00 Arrivée au prochain campement
22:00 Extinction des feux
23:50 Des phacochères ailés rodent et grognent autour de notre tente. Cindy réveille Julien pour soit disant lui faire profiter des bruits de la nature. Julien grogne à son tour

Dimanche 13.03.2011

02:30
Cindy, alors saisie d'un besoin urgent, n'ose pas sortir de la tente, les phacochères ailés sont toujours aux abords. Elle réveille Julien. Quelques bouéllées et coups sur la tente plus tard, les phacochères s’envolent, la voie et libre
07:30 Grosse journée en perspective, on décide de ne pas perdre de temps et on trouve un endroit à l’ abri pour déjeuner
07:45 Porridge
08:00 Café
08:30 Deuxième café
09:30 On lève le camp
20:00 On fini enfin de marcher
20:05 Le ranger nous met en garde. Le campement est infesté de souris, notre nourriture est pendue à 5 m 30 du sol (plus ou moins)
21:00 Une polenta et au lit





Lundi 14.05.2011

03:00 On doit réorganiser la tente, le dénivelé des lieux et la cramine ambiante nous empêchent de dormir
07:00 10h30 de marche nous attendent, on décide de partir encore plus tôt
07:30 Premier café alimenté de bonnes discussions
09:15 On lève le camp, bonne nouvelle, on voit enfin le soleil et il fait presque chaud
10:00 Pause lavette et rasoir au bord du lac
11:00 On se décide pour une pause Coca
12:00 On repart
14:00 Pause casse croute et café
15:00 On repart
20:00 Arrivée à notre dernier campement, polenta et au lit



Mardi 15.05.2011

02:00 Le sol de la tente est congelé, en dernier recours, Cindy prend Julien pour un matelas isolant
02:01 Julien vire Cindy
06:30 Réveil, on s'interdit de prendre un café et on part pour aller observer le lever du soleil sur les hauteurs
06:31 Cindy annonce que c'est la dernière fois de sa vie qu'elle fait du camping en plein mois de janvier (Mais non, on est bien au mois de mars et l'été bat son plein en Patagonie)
06:35 On décide quand même d'embarquer le sac de couchage, le café et le réchaud à gaz
07:45 Le lever de soleil sur les fameuses Torres, un café à la main, nous fait oublier qu’on a pas dormi de la nuit a cause du froid et de l'humidité (-20 selon les américains, -50 selon Cindy, aucune information selon la météo, de peur de faire fuir le touriste, les alentours sont bel et bien gelés)

08:30 On déplie Jacinthe pour la dernière fois du voyage avec un petit pincement au cœur
10:00 Pause café
17:00 Arrivée a Puerto Natales, soulagés que la ville existe encore
18:00 Julien rentre dans la douche
18:45 Julien sort de la douche
19:30 Apéro-resto. Chaque bouchée et gorgée n'est que pure jouissance
24:00 Un lit, un vrai!!!

Félicitations, tu as pris le temps de lire cet article un peu plus long que d'habitude. Si tu lis ces lignes, n'hésite pas à nous faire signe, tu as gagné un verre à notre retour.

Au delà de ces quelques péripéties, l'expérience en valait vraiment la peine. 5 jours intemporels, sans nouvelle du monde extérieur à découvrir des paysages variés et surprenant.

Cap sur la Terre de feu

Mike Moix & Cindy Marquis

mardi 8 mars 2011

La patrulla de los glaciares

Après deux jours de voyage sur la mythique Ruta 40, souvent non asphaltée, au milieu de la pampa à dévorer des paysages sans fin depuis la fenêtre de notre bus, nous arrivions enfin dans le cœur de la Patagonie, une région que nous attendions et rêvions avec impatience.

Premier arrêt, El Chalten où sa rue est une sorte de défilé permanent des collections automne-hiver de chez North Face, Mammut, Quechua et autres Columbia… Des randonneurs, grimpeurs, andinistes qui, comme nous, sont là pour s’offrir une bonne dose de nature avec le Fitz Roy et le Cerro Torre en arrière plan. Chargé de nos sacs à dos remplis de victuailles, nous nous sommes lancés pour 3 jours de treks au sein du Parque National de los Glaciares. Un paradis de la randonnée où s’enlacent montagnes escarpées, lagunes turquoise et langues de glaces qui débordent du Hielo Continental Sur, le plus grand corps de glace au monde après les deux pôles.

S’en est suivi quelques jours à El Calafate, lieu de la cerise sur le gâteau de notre patrouille des glaciers, la star locale, le glacier Perito Moreno. Véritable monstre de 15 km de long sur 5 km de large, il atteint 60 m au dessus du niveau du lac. C’est aussi un des glaciers les plus actifs du monde.  Il grince, craque, gronde, résonne et le moindre morceau de glace qui s’écroule se fait avec fracas. Face à face inoubliable avec ce monstre vivant et intimidant.

Prochain défi sportif, un trek de 6 jours du côté chilien…





jeudi 3 mars 2011

Retour en Suisse

“La Suisse argentine”, ce n’est pas une invention, c’est comme ceci que l’office du tourisme de Bariloche, au cœur de la région des lacs, promeut les alentours à qui veut bien y venir. Ils n’ont pas tort, des montagnes calquées sur leurs cousines valaisannes, des chalets, du chocolat autoproclamé spécialité locale, de la fondue sur les menus et même des photographes qui t’immortalisent en compagnie d’un St-Bernard sur la place centrale. Ils ont poussé l’amalgame jusque dans les prix, qui, sans raison, sont bien plus élevés ici que dans le reste du pays, la Suisse a bon dos…

On aura même trouvé une colonie de valaisans après avoir traversé lacs et forets, la Colonia Suiza, vieille d’un siècle. Les collons, originaires en grande partie de Saxon, s’appellent Goye, Mermoud ou Schuetz. Ils ne parlent plus le français, ne portent pas de maillot du FC Sion, n’ont malheureusement ni coupe de cheveux type « mulet », ni ne roulent en Opel Manta ou Subaru Impreza, mais arborent fièrement les couleurs de leur pays d’origine et en ont fait un concept commercial, probablement l’œuvre de leur Christian Constantin local. Ils vénèrent aussi le fromage et la boisson et nous, tel le bavarois  qui exige son leberkaese et sa Paulaner Weiss à Mallorque, on s’est laisse tenter par une fondue de Queso.

Pour l’anecdote, une légende urbaine de Bariloche raconte que les ex-chefs nazis en fuite y auraient trouvé refuge. Heureusement on a vu ni Metzgerei « Chez Adolf » et encore moins de concessionnaire VW « Goebels und Partner Gmbh ».

Au final, même si cet arrêt était plus surprenant que dépaysant, il te rappelle que tu viens d’un bien joli pays…

Maintenant à nous la Patagonie via la mythique Ruta 40 !