En Suisse, on est minutieux, on a bonne mine, de temps en temps on se prend des mines, on sort avec des minettes (ou minets, c'est selon), on vote sur le sort des minarets, parfois on se mine le moral, mais mine de rien on a de la chance, on aurait pu être mineur à Potosi (plus haute ville du monde, 4100 m.), voir même mineur mineur (14 ans). C'est vrai qu'ils on pas vraiment bonne mine les mineurs de cette ville qui jadis, au temps des conquêtes espagnoles, était aussi importante que New-York ou Paris sur la carte du monde. C'est qu'avant, il y avait de l'argent, beaucoup d'argent dans la montagne du Cerro Ricco (la montagne riche). Paradoxalement, Potosi est une des villes les plus pauvres que nous aillons traversés et on se rend compte qu’en Amérique du Sud, richesse du sol n’est que rarement synonyme de prospérité et encore moins de stabilité politique. Les espagnoles ont tout exploité sur leur passage en employant les esclaves indigènes ou d’Afrique dans des conditions inimaginables, jusqu’à 6 mois non stop dans les mines sans lumière du jour. D'après la police, ce serait 8 millions de travailleurs qui y auraient péris, plus de 12 millions selon les organisateurs, tout ça pour enrichir l’Europe.
Une visite de ces mines s'imposait. On nous conseille d'emporter quelques cadeaux pour les mineurs, probablement pour garder bonne conscience une fois en bas; coca, cigarettes, boissons... et même bâtons de dynamite... on optera pour la coca et une bouteille de soda, c’était le minimum pour ces braves mineurs. Les australiens nous accompagnant choisissent le TNT qu’on a joyeusement fait exploser à la sortie des galeries. Pendant plus de 2 heurs on s’est frayé un passage dans des mini tunnels et sur des échelles de fortune avec des températures passant de 10 à 45 degrés, claustrophobes s’abstenir. On a également fait connaissance avec le « Tío », dieu protecteur des mineurs, qui à chaque descentes lui font offrande de feuilles de coca, alcool à 96 degrés et lui allument une clope en espoir d’un peu de soutien dans leur labeur. On aura beaucoup craché, toussé, sué, parfois même tremblé, mais on en sort avec beaucoup d’humilité, qu’est-ce que deux heures en comparaison avec une vie à la mine qui se termine souvent prématurément (35 ans)?
En compagnie du Tío et ses offrandes
Un petit dernier en l'honneur du facteur Hyacinthe: "Mince de mine, elles sont étroites ces mines!"
J'ai 8 secondes pour vous dire que la Bolivie, c'est de la dynamite!!!
Avant d’arriver à Potosi, le train nous a amené de Oruro à Tupiza, un itinéraire qui regorge de paysages époustouflants avec un petit air de Far-West. Prochain stop, Uyuni, porte d'entrée pour 4 jours de treks en Jeep dans son désert de sel.